Tribune. Les politiques ont imposé après-guerre à nos éleveurs une transition vers un modèle hyperproductiviste. Ce modèle est largement remis en cause aujourd’hui en raison de son impact négatif sur le climat et l’environnement, ainsi que sur le bien-être des éleveurs et celui de leurs animaux.
Les lois de 1960 et 1962 ont en effet posé les jalons d’une agriculture mécanisée, concentrée, spécialisée et régionalisée donnant ainsi une réponse politique forte aux pénuries de l’époque et assurant l’autosuffisance alimentaire de notre pays. Par les lois d’orientation agricole, les politiques ont demandé à nos éleveurs une transition dans leurs méthodes pour produire plus, plus vite et moins cher. Les agriculteurs se sont adaptés à ces demandes, ont investi massivement et ont modifié leur manière de travailler.
Une course aux prix les plus bas
Cette transformation voulue par les politiques a fonctionné : sur plus d’un milliard d’animaux tués chaque année en France, 80 % sont confinés dans des élevages intensifs sans accès à l’extérieur.
La focalisation sur le résultat, et non sur la méthode, a conduit à une course effrénée aux prix les plus bas. Cette compétition est malheureusement perdue d’avance au sein d’un marché international globalisé, aux pratiques tellement plus intensives et tellement moins coûteuses. L’élevage intensif est une impasse environnementale, économique, sanitaire et sociale.
Moins de viande mais mieux
Notre modèle d’élevage traditionnel français a un rôle indéniable dans la préservation du paysage rural et dans le stockage du carbone grâce à ses prairies. Ces éléments sont en cours de validation avec l’expérimentation pour un affichage environnemental dans le cadre de la loi AGEC (loi antigaspillage pour une économie circulaire).
Nous devons réglementer et contrôler plus strictement les transports longue distance d’animaux vivants, synonymes de souffrance animale et d’hérésie écologique.
L’aliment est notre premier « médicament » : nous devons manger moins de viande mais mieux produite, et aider financièrement nos compatriotes à avoir accès à cette alimentation meilleure pour leur santé et pour notre planète.
Etiquetage
Nous devons – même si la France est plutôt dans les meilleurs de la classe sur la diminution de l’antibiothérapie – poursuivre la décroissance de l’apport d’antibiotiques dont l’utilisation est souvent proportionnelle à la concentration des animaux dans l’élevage.
Cette liste n’est qu’un premier aperçu de l’immensité du travail à réaliser pour réussir la transition vers un modèle d’élevage plus respectueux de notre environnement et des animaux, plus juste pour nos éleveurs et plus sûr pour les consommateurs.
Liste des signataires : Pierre Cabaré, député (Haute-Garonne, LRM) ; Philippe Chalumeau, député (Indre-et-Loire, LRM) ; Annie Chapelier, députée (Gard, LRM) ; Léopoldine Charbonneaux, directrice France de Compassion in World Farming (CIWF) ; Jean-Charles Colas-Roy, député (Isère, LRM) ; Yolaine de Courson, députée (Côte-d’Or, LRM) ; Yves Daniel, député (Loire-Atlantique, LRM) ; Typhanie Degois, députée (Savoie, LRM) ; Marguerite Deprez-Audebert, députée (Pas-de-Calais, MoDem) ; Loïc Dombreval, député (Alpes-Maritimes, LRM, président du groupe d’études « Condition animale ») ; Pascal Durand, député européen (Renew Europe) ; Laurent Garcia, député (Meurthe-et-Moselle, MoDem) ; Yannick Haury, député (Loire-Atlantique, LRM) ; Dimitri Houbron, député (Nord, MoDem) ; Jean-Pierre Kieffer, président de l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA) ; Michel Lauzzana, député (Lot-et-Garonne, LRM) ; Sandrine Le Feur, députée (Finistère, LRM) ; Maud Lelièvre, présidente de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) France ; Jacques Marilossian, député (Hauts-de-Seine, LRM) ; Marjolaine Meynier-Millefert, députée (Isère, LRM) ; Jean-Michel Mis, député (Loire, LRM) ; Claire O’Petit, députée (Eure, LRM) ; Sophie Panonacle, députée (Gironde, LRM) ; Louis Schweitzer, président de la Fondation droit animal, éthique et sciences (LFDA) ; Alice Thourot, députée (Drôme, LRM) ; Elisabeth Toutut-Picard, députée (Haute-Garonne, LRM) ; Nicole Trisse, députée (Moselle, LRM) ; Frédérique Tuffnell, députée (Charente-Maritime, LRM) ; Yann Wehrling, président du Parti de la nature ; Hélène Zannier, députée (Moselle, LRM) ; Ghislain Zuccolo, directeur général de Welfarm (Association de la protection mondiale des animaux de ferme) ; Jean-Marc Zulesi, député (Bouches-du-Rhône, LRM).