mardi, 08 mars 2022 21:12

Soirée hommage "Aux femmes résistantes" à Rochefort

J'ai répondu à l'invitation de Madame Danièle Pinon, Présidente de l'association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de Charente-Maritime (AFMD17) pour célébrer, en cette journée du 8 mars 2022, la journée internationale du droit des femmes.

Nous avons souhaité rendre hommage aux femmes résistantes et mettre en valeur les femmes résistantes de Charente-Maritime.

Ces femmes sont souvent les grandes oubliées de la lutte contre l’occupant, elles ont pourtant contribué à la victoire des alliés et à la libération de la France.

Elles dirigeaient des réseaux, hébergeaient des clandestins, préparaient des engins explosifs. Elles étaient écrivaines, journalistes, cantinières, infirmières, secrétaires, standardistes ou encore combattantes.

Un engagement pour défendre la France alors que le droit de voter ne leur a pas encore été accordé. Des millions de femmes ont été impliquées dans la guerre de manière passive et active.

N’oublions pas que 1800 femmes se sont engagées dans les Forces Françaises Libres, suivies par le corps des volontaires françaises, la 1ère unité féminine de l’armée française instituée par le Général de Gaulle en 1940.

Nous connaissons tous les plus populaires, Simone Veil, Joséphine Baker, Marlène Dietrich ou Germaine Tillion … ou encore Marie-Claude Vaillant-Couturier.

Mais, ce soir, nous avons évoqué aussi des anonymes et des charentaises-maritimes qui ont toutes été arrêtées par mesure de répression pour activité terroriste selon la définition que donne la police allemande, de la résistance.

Dans le groupe des 230 femmes de la série des 31000, on compte 20 charentaises-maritimes plus ou moins proches du parti communiste. La lecture de leur témoignage permet de comprendre quand et comment s’est déroulé leur engagement. Car, contrairement à une idée reçue, elles n’étaient pas toutes dans les transmissions ou dans les services de santé, elles prenaient aussi les armes. Et elles ont endossé beaucoup de rôles différents allant de combattantes à travailleuses dans les usines, dans les champs, ou à la maison.

Et cette soirée a fait étrangement écho à ce qui se passe à 2000 kilomètres de chez nous, en Ukraine. Des scènes d’exode des populations civiles, comme l’Europe n’en avait jamais connu depuis la 2ième guerre mondiale.

Pour tous les enfants nés dans l’après-guerre, les boomers comme les X , le Y ou les Z qui ont vécu près de 80 ans de paix, parfois chaude pendant la guerre froide jusqu’à la chute de l’URSS en 1991, la date du 24 février 2022 restera comme celle de la fin d’une ère celle de la paix en Europe. En envahissant l’Ukraine, la Russie de Poutine vient bouleverser l’ordre du monde en violation de la Charte des Nations Unies et du droit international. Face aux fantômes du passé, il ne faut rien céder de notre unité et des principes de liberté, de souveraineté et de démocratie qui nous tiennent.

Ce soir, notre coeur vibre et doit vibrer encore et encore pour dire Non et choisir de dire Non à l’envahisseur !

Pour débuter la soirée j'ai souhaité mettre à l’honneur le visage de cette femme, elle s’appelle Iryan Tsvila, elle a été tuée le 25 février 2022 dans la bataille de Kyiv alors qu’elle tentait de freiner l’avancée des chars russes. L’armée ukrainienne est composée aujourd’hui à 17 % de femmes héroïnes, nous ne pouvons qu’admirer leur courage pour combattre aux cotés des hommes.

Pour citer Eric Fottorino, journaliste : " Il faut regarder en face le passé qui fracasse le présent : colonnes de chars, peur qu’il soit trop tard, oukase du Kremlin qui de l’Ukraine veut faire son écrin, corps de civils sans vie ensevelis dans la neige immaculée, froid des tranchées maculées de sang…"

Notre vision se trouble à ces mots, à cette réalité, à ces images qui nous reviennent comme un boomerang en pleine tête sur une terre qui ne tourne pas rond.
Et ce soir, la guerre à ce gout des larmes qui n’en finissent de couler…
Ce soir la guerre a un visage de femme.


En hommage à ces femmes, a été créée la rose de RAVENSBRUCK

Le rosier « Résurrection » a été créé par Michel Kriloff pour l’amicale des anciennes déportées de Ravensbruck à l’occasion du 30ième anniversaire de la libération de ce camp de femmes, situé à 80 km de Berlin. Il fut le principal camp de concentration, 132 000 femmes et enfant y furent déportés, 90 000 un moururent.
Près de 10 000 françaises y furent déportées, la rose de la résurrection rend hommage à ces femmes et enfant déportés, c’est un symbole extrêmement fort.

La vraie rose Résurrection naît d’un bouton rouge, puis s’entrouvre et libère de pales touches roses et or. Le poème de Marcelle Dudach Roset, déportée, explique la signification de cet hommage.

Je suis résurrection

" Et tout au long des ans,
Tout au long des saisons,
Je resterai le témoin de vie
Qui protègera de la barbarie
Tous les enfants du monde
Même lorsque je serai devenu églantine
Illuminant tous les chemins."


Chant de Gottingen de Barbara - 1964

Gunther Klein, directeur d’un théâtre allemand invita Barbara à venir chanter à Göttingen.
Elle hésita avant d’accepter cette invitation à aller chanter en Allemagne. La guerre, c’était hier.
Barbara en gardait des souvenirs de fuites, et cette peur panique chaque fois que l’on toquait à sa porte. "Ne dis jamais à personne que tu es juive", entendait-elle souvent durant ces années où la famille se cachait dans le village de Saint-Marcellin, dans l’Isère.

Mais finalement, on parvient à la convaincre, séduite par l’idée et le récital est un triomphe, et Gunther prolongea son contrat de huit jours.
A la fin de ce séjour inattendu, elle écrivit le premier jet de " Göttingen ", qu’elle chanta le dernier soir.
La chanson est devenue depuis un hymne à la réconciliation franco-allemand, un texte de pardon, un texte qui fait la part belle à l’espoir de la jeunesse.

Dans ces camps, nous voyons bien que les réseaux complexes s’installent et tentent d’installer une solidarité.
Il n’existe pas dans les camps d’organisation structurée de la résistance, avec une direction clandestine et coordonnée.
Des contacts entre femmes se faisant mutuellement confiance peuvent aboutir à placer quelques déportées politiques à la cuisine, au vestiaire, au magasin de chaussures, au service du travail, et jusque dans la police du camp où à partir de 1943 des détenues politiques supplantent les triangles verts et le triangles noirs.
Il y a un brassage permanent de la population, provoqué par des déménagements de block ou les départs pour des commandos d’autres camps. Mais l’imagination est sans limite pour parvenir à ralentir ou saboter la production sans se faire prendre, car la mort est au bout.


Germaine Tillon

« Chaque femme morte a été tuée et retuéee. Nous savons bien, nous, qui avons vu mourir tant de femmes, que chaque agonie a été un grand drame douloureux très long, très douloureux. Un lente descente dans la nuit, ou chaque marche fait mal, dans la pire des misères physique, la pire misère morale, la pire solitude.

Nous savons que chaque agonie a été individuelle. Cent mille fois…. Le problème principal est peut être celui de la réconciliation avec le genre humain….
A la libération l’ idéal était la construction d’un monde de paix et de liberté. Cette liberté nous leur devons, nous la devons à ces femmes aussi que nous venons de mettre à l’honneur ce soir.
Ces mots liberté, démocratie, humanité, amour, solidarité ont un sens. Et ils vibrent à chaque fois qu’ils sont attaqués ! De quel coté allons nous pencher dans ce conflit international ? comment l’humanité, qui est à un tournant de son histoire, devra t elle choisir entre le soleil ou les ténèbres ?
Tout ceci semble irréel n’est-ce-pas ? Nous sommes tous responsables de nos actes et notre devoir d’hommes et de femmes est de défendre notre démocratie, seul rempart contre la guerre.
Les démocraties libérales ne se sont jamais fait la guerre entre elles. C ‘est effectivement notre rempart pour la paix.


Et pourtant, je pense que nous devrons malheureusement continuer à nous battre, mes chers amis, pour cette liberté, cette paix qui est fragilisée par une dictature insensée, car l’ampleur de l’invasion en Ukraine, montre que l’intention de Vladimir Poutine est bien d’occuper le pays, d’y détruire la démocratie et d’installer un gouvernement dictatorial.
Ce n’est pas nous donner bonne conscience, c’est se convaincre que les mots " guerre, bombardements, attaques, chars, frappes sur les civils, exode, offensives, menaces, promesses...", ne sont plus des mots du passé mais des mots du présent.

Continuons à dire NON et vive la démocratie.